samedi 11 juillet 2009

BANZAI!

Higashi Onsen [Io-jima]
Tout a une fin

Shiho Maeyama

Vole au vent

Shiho a fêté ses 28 ans le 12 juin dernier.

Ses passions : voyager et manger

Elle les a assouvies dans ses nombreux voyages, et ne s'en est jamais bien éloignées dans les boulots qu'elle a choisi d'exercer (5 ans à bosser dans une boulangerie, 4 dans un aéroport...). A 18 ans, incollable sur le pain et ses dérivés, c'est elle qui concoctait les menus de la boulangerie où elle travaillait, pour son plaisir, et celui des clients. A l'époque, son érudite gourmandise lui a même value d'être invitée par une télé japonaise à participer à TV Champion, une émission loufoque* où elle confronta ses connaissances à celles de quatre autres passionnées des spécialités boulangères du monde entier.

Les avions, la gastronomie

Aujourd'hui, il lui arrive encore de pousser le vice jusqu'à déjeuner dans les restaurants du Narita Airport, simplement pour le plaisir d'y savourer les plats occidentaux qui y sont servis tout en regardant les avions décoller.

Shiho rêve désormais d'avoir un second bébé, avant de s'envoler de nouveau...

* c'est presque un pléonasme au Japon

Tatsuya Maeyama

Pilgrimage
« Le Shikoku m'a appelé. » Il y a 3 ans, Tatsuya s'est lancé dans le pèlerinage aux 88 temples sur l'île de Shikoku. Il venait de perdre son premier boulot et l'heure était à l'introspection. C'est le sentiment de ne pas être honnête avec lui-même et avec les autres qui l'a poussé sur cette longue route, dit-il aujourd'hui. Il gardera toute sa vie un souvenir ému de ce retour à la nature, de ce parcours riche en rencontres, et de ces gens toujours prêts à l'aider, lui qui croyait alors pouvoir se passer du secours des autres. Au bout de 1400 kilomètres et de 2 mois de marche, il est revenu à Chiba, en paix avec lui-même... et il a décidé de se marier. Aujourd'hui, Tatsuya rêve d'ouvrir son propre minshuku*... * un minshuku est l'équivalent d'une chambre d'hôtes en France...

Tokyo / Koenji / 21 juin 2009

Last night in Koenji

Koenji > Nagano > Koenji / 20 > 21 juin 2009

Joyeuse Rébellion

Hajime

Action Painting
Prologue : Dévasté par les bombardements de la Seconde Guerre Mondiale, Tokyo est reconstruite très vite et très mal. L'hystérie architecturale culmine dans les années 70-80.
Justifier
Hajime est né en 1974 à Tokyo. Il exècre ces buildings dégénérés et ce qu'ils symbolisent. Ce sont ses grands moulins à lui.
Acte I : Nous sommes à l'Université Hosei. Les locaux fleurent l'insalubrité, mais le lieu demeure propice aux rencontres, à l'échange et à la réflexion. On est en 1992, la bulle immobilière a éclaté et plongé le Japon dans la récession. Le gouvernement se crispe et ouvre les portes des facultés aux entreprises, avant de leur en donner les clés. Désormais, les universités et les grandes compagnies marcheront main dans la main afin d'enrôler le plus rapidement possible "le jeune" dans "le monde de l'entreprise". La fac d'Hosei subit alors un sérieux ravalement, et plus on la nettoie, plus elle pue : on est en train de la sacrifier au tout marchand. Hajime y étudie quelque chose comme les sciences politiques, quand il n'est pas à sillonner les routes du pays. Il décide donc de se mobiliser avec des amis pour enrayer la machine à fabriquer de la viande à trimer*. Le mouvement prend de l'ampleur et s'étend bientôt à tous les campus japonais. S'il a "abouti" à Hosei (l'université ne vit pas aux crochets d'une entreprise), non sans heurt**, il n'en est pas allé de même ailleurs, et aujourd'hui la majorité des universités japonaises s'est pliée aux lois du sacrosaint Marché.
Acte II : Koenji, un quartier populaire de Tokyo, relativement épargné par la gangrène immobilière. Hajime et des amis investissent la rue commerçante de Koenji-Kitanaka. Il sont brocanteurs, cafetiers, coiffeurs, restaurateurs ou fripiers, et ils fondent ensemble La Grande Fronde des Pauvres, un collectif activiste plus connu sous le nom de Révolte des Amateurs***. "Au Japon, tout est payant." Leur but est donc de créer des espaces où les gens puissent vivre modestement, s'amuser sans argent, bref : jouir de leur pauvreté. Ils organisent donc des grandes soupes populaires (nabe) devant des stations de métro, déambulent en ville, un mikoshi**** sur les épaules, pour fustiger les prix exorbitants des loyers, ou investissent les parcs de la ville de jour comme de nuit pour, par exemple, y jouer de la musique - ce qui est formellement interdit. Inutile de dire que chacune de ces actions est sévèrement encadrée par un cordon de policiers mais, mine de rien, elles détonnent et ne manquent pas d'impact dans un pays où manifester quoi que ce soit est rarissime*****. Aussi, une de leurs actions les plus fameuses, parmi tant d'autres, est une action qui n'a pas eu lieu : c'était le soir du réveillon de noël 2004 et ils avaient annoncé à la police que, comme en 2003, des centaines de personnes partageraient la nabe à Roppongi Hills, le quartier le plus "branché" de Tokyo. La police est venue en nombre, pas les convives. En 2007, Hajime s'est présenté aux élections locales, pour s'amuser. Il lui fallait néanmoins recueillir 400 votes pour se faire rembourser les frais de candidature (300 000 yens / 2500 euros environ). A la suite d'une campagne dont le point d'orgue fut un mémorable concert sauvage devant la station de Koenji, Hajime a obtenu ses voix, et cette campagne en forme de performance a fait l'objet d'un documentaire qui tourne depuis un an dans tout le Japon.
Acte III : Les Amateurs organiseront cet été un festival de musique gratuit à Nagano. C'est inédit...
Epilogue : On ne peut réduire le discours des Amateurs à de simples slogans, mais s'il y en avait un, ce pourrait être : « Laissez-nous vivre comme nous l'entendons. ». Hajime a de nouveau sillonné le Japon récemment et y a recueilli les paroles de gens qu'il interroge sur leurs conditions de vie et de travail, sur leurs préoccupations, leurs inquiétudes et leurs espoirs. Une "enquête" qui a fait l'objet d'un bouquin. Il en a sorti 4 pour le moment. Aucun n'est traduit en Français, malheureusement. Hajime est le "patron" de la brocante Shiro No Ran.
* Il fonde alors Hosei No Binbo Kusasa Wo Mamoru Kai (Association to Protect the Poverty of the Hosei University) et Zennihon Binbou Gakusei Rengokai (Japan Poor Student Union) - Source : Wikipedia ** Hajime écopera de 4 mois de prison pour avoir aspergé de peinture le Président de l'Université Hosei *** Shiroto No Ran **** voir le message sur le Torigoe Festival : ici, les Amateurs détournent donc une fête traditionnelle de son sens religieux pour lui donner un sens politique (lors des fêtes traditionnelles, malgré la folie qui règne dans les cortèges, la police n'intervient jamais...) ***** Hajime se voit ainsi régulièrement interviewé par les médias du monde entier (la télé coréenne et le New York Times rien que pour le mois dernier : http://www.nytimes.com/2009/06/30/business/global/30youth.html)

Yuki & Kei

Yuki
Ancienne étudiante en littérature classique, Yuki travaille aujourd'hui comme réalisatrice pour la Degitized Information, une société de production de films institutionnels. Yuki a rencontré Hajime autour d'une soupe populaire que lui et les Amateurs organisaient devant la station de métro de Koenji. Ils sont devenus amis. Et puis elle a décidé de le suivre, caméra au poing, pendant sa campagne électorale. La production de ce film a été financé pour moitié par un « fonds révolutionnaire », pour l'autre par les fonds propres de Yuki et d'Hajime. Résultat, le documentaire a tourné au Japon dans un paquet de festivals, dans des salles tout à fait ordinaires comme dans des endroits plus insolites, tels des parcs, lors de projections destinées plus particulièrement aux SDF qui y vivent. Régulièrement, Yuki et ses amis organisent aussi des réunions autour du fundoshi. Il semblerait en effet que le port du slip traditionnel revienne à la mode chez les jeunes Japonais ces temps-ci. Lors de ces réunions, ils en élaborent et en conçoivent des un peu plus au goût du jour. Plus étonnant, les filles s'y mettent aussi. Le prochain défilé de ces jeunes femmes en « sexy fundoshi » sera, à n'en pas douter, une performance qui ne manquera pas d'amateurs.
Kei
« Pas l'énergie! ». Kei n'était pas du contre-sommet de L'Aquila. Mais bon, il a déjà bien donné, et notamment l'année dernière où il a dispensé de l'information jusque dans un squat dijonnais pour préparer l'anti G8 japonais. L'année d'avant, il était en Allemagne avec Hajime et Yuki pour montrer le documentaire sur Hajime et échanger. Kei et Hajime se sont rencontrés lors des manifestations contre la guerre en Irak en 2003. Nombre d'amitiés se sont nouées lors de ces rassemblements qui, s'ils furent moins importants qu'en Europe, s'avérèrent tout à fait exceptionnels au "Pays du Soleil Levant"... Après des études de couture, Kei a ouvert il y a 5 ans une librairie activiste à Shinjuku, l'Irregular Rythm Asylum...

Neonwondergirl

Il a souhaité qu'on le nomme par son pseudonyme. Il a 32 ans. Il vit depuis 6 ans et demi au Japon. Natif de Brooklyn, il a d'abord suivi des études de musique aux Etats-Unis avant de s'installer dans la campagne japonaise, à Okayama, pour y enseigner l'anglais pendant 2 ans et demi. Puis, par un concours de circonstances, il s'est retrouvé à Koenji où il a pris ses quartiers et où il travaille désormais en tant que barman. Ça fait maintenant quatre ans qu'il y organise aussi un festival de films amateurs, et des projections de films dans des cafés, où Female Trouble côtoie Close-Up dans la même soirée. Il a rencontré Hajime dans une laverie non loin de sa boutique. Désormais bilingue, il traduit actuellement, entre autres choses, un recueil d'interviews d'Hajime, et suit avec intérêt les diverses actions menées par les Amateurs*, tout en poursuivant son propre chemin de musicien, et de vidéaste. Il ne perçoit pas la Révolte des Amateurs comme un combat ou une blague, mais comme un moyen de célébrer un mode de vie différent.
* pour en savoir un peu plus, lire aussi : http://www.e-torpedo.net/imprimersans.php3?id_article=2023

Jiro

Full Contact
Ancien champion de kickboxing, Jiro est aujourd'hui brocanteur (dans un lieu stupéfiant qui abrite aussi une galerie à la gloire de ses exploits sportifs), directeur d'une ONG dont le but est de retaper des bâtisses délabrées pour en faire des logements sociaux, toujours coach, heureux propriétaire d'une jeep ayant appartenu à l'armée japonaise, et, depuis peu, d'un pan de montagne. Il a alors appelé Hajime pour lui dire qu'il souhaitait que lui et ses amis y organisent quelque chose. Et c'est donc là, dans ce cirque bordé d'immenses parois de roche blanche, que sera organisé un festival de musique gratuit au mois d'août prochain. Le fait est suffisamment rarissime pour être souligné, et la majesté du lieu augure d'ores et déjà d'un événement mémorable. Cerise sur le gâteau, les fermiers du coin sont contents, convaincus que la musique fera fuir les animaux sauvages qui bouffent leurs récoltes.

Koenji / Deli & Cafe Q / 17 juin 2009

Tsukada Koji, le patron du Deli & Cafe Q
1 – 2*
En direct du Melbourne Cricket Ground
Un patron sympa. Des affiches de Control et des films de Vincent Gallo sur les murs. Polysics, Motocompo et Shonen Knife à la sortie du iPod. Et un Japon – Australie qualificatif pour la Coupe du Monde 2010. Omoshiroi. Une équipe diminuée par l'absence de Nakasawa, son capitaine, blessé, et de sa star, Shunsuke Nakamura, que le Celtic Glasgow n'a pas libéré. Des supporters qui réclament le retour de Philippe Troussier – héros national ici – depuis la déconfiture du match aller (1-3). Et puis, surprise, Toorio, le plus brésilien de l'équipe, ouvre le score pour les Nippons. Subarashi. L'euphorie dure une demi-heure, mi-temps comprise. Le hold-up n'aura pas lieu. Les Aussies se reprennent et le Japon reste bon second. Maketa. * message réservé à un public averti

Kawagushi / 16 juin 2009

Armageddon
Des bébés grenouilles de l'Apocalypse s'abattent sur Kawagushi! Après Ichikawa et avant Hiroshima - décidément -, voilà la ville de nos hôtes frappée à son tour par l'étrange phénomène. Deux explications sont avancées : des vents violents soulèveraient littéralement les bestioles pour les faire s'abattre en averses sur les grandes villes ou, moins probable, ces mêmes vents violents décrocheraient ces mêmes bestioles des becs des oiseaux les ayant gobées... Quoi qu'il en soit, le mystère demeure, et ces têtards n'ont pas fini de faire baver.

Yuuko Nakamura

Part-time job
« Toutes les mères sont les mêmes. » Yuuko Nakamura. La mère de Shiho. Native de Kawagushi, elle a toujours travaillé dans les ménages, à mi-temps, d'abord dans un centre commercial, puis dans une boîte de communication où elle bosse toujours aujourd'hui. Jeune, elle avait peur des autres. Un gentil professeur l'a un peu guérie de sa phobie, mais il lui aura vraiment fallu attendre sa rencontre avec Kunihiko, son futur mari, pour s'en « débarrasser ». A l'âge de 21 ans, son oncle les a invités elle et Kunihiko. Ils se sont rapidement mariés. C'était il y a 29 ans. Des amis de ses parents leur ont donné un appartement. C'est là qu'elle a eu ses trois enfants : Shiho, Miki et Isshin. Yuuko s'est toujours inquiétée pour ses enfants et elle s'inquiétera pour eux jusqu'au bout. Elle n'aime pas faire la cuisine mais, comme sa fille, elle adore la bouffe; elle n'aime pas faire le ménage non plus et rêve de gagner au loto pour ne plus jamais avoir à travailler. Voir ses enfants vieillir heureux et s'inquiéter pour eux suffit à son bonheur.

Kunihiko Nakamura

Le Petit Chef
« Je suis l'un des meilleurs de ma spécialité. » Kunihiko Nakamura. Le père. 56 ans, dont 36 à travailler l'anguille (onagi). Sa spécialité? Le kabayaki*. Natif d'Aomori, dans le nord du Honshu, Kunihiko a participé au grand exode rural du début des années 70 et rejoint Tokyo, comme des milliers de Japonais qui ne trouvaient pas de travail dans les campagnes. D'abord commis de cuisine dans des Beer Garden autres fast-foods de Shizuoka et de la péninsule d'Izu, il s'est rapidement tourné vers des restaurants où il ne ferait pas que réchauffer des plats mais y apprendrait un vrai métier : cuisinier. C'est ainsi qu'il s'est retrouvé à Ginza. Premier choc, car le quartier était (est toujours) à la pointe de la technologie, et que pour un garçon qui n'avait encore jamais vu une télé de sa vie, ça fait tout drôle. Et puis il fut embauché au Setzugeka, le restaurant d'anguilles d'un théâtre de kabuki du quartier. Au cours de ses années d'apprentissage, il découvrira que la préparation des anguilles requiert expérience et abnégation : 3 ans pour embrocher correctement le poisson, 8 ans pour le bouillir à la perfection. Du travail, du métier, et un poste de chef-cuistot qu'il n'occupe plus aujourd'hui qu'à mi-temps tant le boulot est éreintant.
Après le tremblement de terre
« Le sol de Tokyo est trop fragile. » Ginza est le quartier le plus huppé de Tokyo. C'est aussi un quartier bien fragile selon Kunihiko. A ses yeux, Tokyo est un gruyère. Criblée de tubes, de tunnels et autres tuyaux, la ville vit en sursis, sous la perpétuelle menace des séismes. La destruction de cette ville est sa hantise, lui qui tout jeune a vécu un sévère tremblement de terre, dans l'Hokkaïdo, et qui garde en mémoire des souvenirs très vifs des scènes auxquelles il a assisté alors...
* Le kabayaki est un plat typique japonais. Ce sont des anguilles mises en brochette et grillées au feu de bois et arrosées d'une sauce composée de bouillon d'anguille, de saké et de sauce soja.

Miki Katou

Bleu presque transparent
Miki a 25 ans. Elle s'est mariée voilà 5 ans avec un homme rencontré sur internet. Elle ne travaille pas, n'a pas d'enfant, et rêve de Toshigi, un plateau montagneux quelque part entre Tokyo et Nagano. Là-bas, elle peut admirer des autruches, et en manger aussi. Miki aime dessiner. Son maître en la matière est Mucha, un chantre de l'Art Nouveau dont elle apprécie les Vénus. Miki aime aussi les dauphins d'un certain Christian Larssen, et les B'Z, un groupe de J-Pop qui rencontre autant de succès que Mariah Carey chez les disquaires locaux.

Kaori Morita & Isshin Nakamura

La chatte à deux têtes
Isshin travaille dans un cinéma, le Movix, où il se passe des choses étranges* : des couples s'y réfugient souvent pour y tromper leur ennui en fricotant. C'est ainsi qu'une fois, avec ses collègues, alors qu'ils nettoyaient une salle après une projection, ils ont découvert un couple nu, endormi, au premier rang. Une fois le ménage fait, le couple ne quittant toujours pas la salle, ils ont décidé d'éteindre la lumière. Ils ont alors entendu le couple se rhabiller, puis s'en aller à petits pas.
Happy Together
Isshin, 20 ans, et Kaori, 23 ans se sont rencontrés tout à fait par hasard il y a de ça 3 ans. C'est sa pause, et Isshin a envie d'un coca. Comme ils n'en vendent pas au cinéma, un de ses collègues lui conseille une crêperie, pas loin, où il trouvera des grands cocas à pas cher. La fille qui le sert, c'est Kaori. Isshin devient vite un fidèle client de la crêperie. Ça dure un an et demi comme ça, et il n'a pas la moindre idée du nombre de grands cocas qu'il a bien pu y acheter. Quand Kaori a dû changer de crêperie, ils se sont filés leurs contacts et ont commencé à communiquer par email avant de se revoir. Quelques mois ont encore passé avant qu'Isshin n'ose lui dire « Je t'aime » sur le pont de l'Harakawa River, à Akabane. Ça fait maintenant 9 mois qu'ils sortent ensemble.
* les Japonais sont pudiques de réputation et, comme son nom ne l'indique pas, le Movix ressemble plus à un Gaumont qu'à un cinéma porno

mercredi 17 juin 2009

mardi 16 juin 2009

Miyake-jima / 9 > 11 Juin 2009

The end of the world*

Ici, un essieu coincé entre deux blocs de basalte témoigne de l'ancien garage automobile, là un réservoir comme unique vestige d'une ferme où, il y a peu, vaches et chevaux s'ébattaient encore au milieu de verts pâturages. Une coulée de lave anéantit un village, des émanations de gaz grillent des arbres et en livrent un autre à la merci des typhons... Cités fantômes, paysages désolés, plages anthracite, immenses cimetières d'arbres, montagnes et lacs qui apparaissent et disparaissent en l'espace de 40 ans ou de 2 semaines, bienvenue à Miyake-jima**.

Miyake-jima sur Google Maps : http://maps.google.fr/maps?t=h&hl=fr&ie=UTF8&ll=34.086907,139.53818&spn=0.036111,0.11055&z=13

*C'est le titre d'une chanson qu'affectionne Hisachi et qu'il attribue à Edith Piaf ... là où ça devient nébuleux c'est qu'il y en a bien une qui s'intitule ainsi, mais elle est de The Cure, et c'est pas vraiment le style de la maison...

**Miyake-jima vit au rythme de son volcan, le Mont Oyama, et de ses nombreuses éruptions. La dernière remonte à 2002 et ses habitants (2800 au denier recensement) n'ont été autorisés à regagner l'île qu'en 2005.

Miyake-jima / 9 > 11 Juin 2009

Lost child

Le Maigoji* a 500 ans. Il a survécu à la dizaine d'éruptions connues depuis 1643...

*Maigoji signifie "enfant perdu"

Miyake-jima / 9 > 11 Juin 2009

Le Bon Samaritain

« Il a l'âme d'un Père..., dit de lui sa femme, Kayoko. » Hisachi Ito. 60 ans. Après avoir travaillé 27 ans pour le métro tokyoïte, il s'est installé ici voilà deux ans et demi parce que, dit-il, il aime la mer, mais aussi parce le dernier de ses cinq enfants venait de quitter le nid... Il est intendant à la Junior High School de Miyake-jima. Curiosité notable : il est chrétien*. Ils sont 5 comme lui sur l'île. Pas d'église, la prière se fait à la maison. En chansons, et en anglais s'il vous plaît (Him, Jesus loves me, Jesus for ever, etc., des « Sunday's Wasp Songs » comme il dit). Il aime bien se rendre au sommet du Hinoyama Touge, au pied du Jigoku Dani**, face au volcan. Pour la vue, et pour chanter aussi. Une fois, une bagnole a débarqué et l'a interrompu tandis qu'il chantait Plus près de toi mon Dieu. C'était le policier de l'île. Il l'a un peu pris pour un timbré...

« Pas de cinéma, pas de théâtre, pas de salle de spectacle... ». Tous les soirs, après le boulot, Kayoko et Hisachi se retrouvent à Yakeihama*** pour contempler le coucher de soleil. Là, ils s'installent dans l'amphithéâtre et y dégustent une bonne glace, à rêver de voiliers, de la Côte d'Azur ou de l'Italie, jusqu'à la tombée de la nuit.

* Le shintoïsme et le bouddhisme sont les religions les plus pratiquées au Japon

** Le « fossé de l'enfer »

*** "Sunset Beach" en japonais

Miyake-jima / 9 > 11 Juin 2009

Né un 1er août

Kazuyuki Inagaki. A bientôt 27 ans, il vient de quitter le très animé quartier tokyoïte d'Oayama pour tenir le bar du village d'Ako*, le Simato Sake, pour 6 ou 7 mois. Le proprio Kazuhiko Araki, est le dentiste de l'île – qui nous aura gracieusement offert son jardin pour camper – et l'endroit abrite également le salon de coiffure de Madame Araki. Pour Kazuyuki, la playlist du moment, c'est les Soil & Pimp Sessions de Jam, un groupe de jazz pas trop mou qui commence à émerger ici, et la BO de Yamakazi dans la caisse. En grand seigneur, il nous aura pourvu en poisson séché, le fameux et très bon** kusaya local, et fait don d'une bouteille de délicieux Chardonnay chilien... Kampai!

* Il y a 3 villages et autant de ports à Miyake-jima : Ako, Tsubota et Miike, inhabité depuis 83.

** bien que son nom signifie « mauvaise odeur »

Miyake-jima / 9 > 11 Juin 2009

Still Life

Nuriko Suzuki au milieu de ce qu'il reste du village d'Ako suite à l'éruption du Mont Oyama en 1983. 400 maisons ensevelies sous la lave. Dont la sienne. Aujourd'hui, seuls les murs dévastés de l'ancien collège demeurent. Comme un Memorial. Au milieu du champ de pierres, on a tracé un sentier boisé. C'est celui qu'emprunte Kayoko pour y faire son jogging.

Tokyo / Torigoe / 7 juin 2009

Des hommes bien dans leurs slips Torigoe Festival But de la journée : promener le dieu dans le quartier. Le dieu habite une petite maison à grelots fixée sur 4 barres parallèles. On appelle ça un mikoshi. C'est très lourd, et ça nécessite pas moins d'une trentaine de personnes pour le porter. La journée démarre à 6h30 et s'achève 15 heures plus tard. Torigoe est divisé en districts. Chaque district a son équipe. Les équipes se relaient (version soft) ou s'empoignent (version hard) pour porter le mikoshi. Petite subtilité : le dieu aime qu'on le célèbre en cadence. Le mikoshi doit donc toujours évoluer par vagues, un mouvement qui fait vibrer ses grelots et donne du plaisir au dieu. L'exercice s'avère très exigeant et les épaules et les pieds des porteurs en prennent un coup. La tête aussi. Car le cagnard cogne et, évidemment, quand le porteur ne porte pas, il boit. Ça facilite d'ailleurs l'état de transe ou de torpeur dans laquelle baignent bon nombre de participants. Le costume : le porteur est vêtu d'une très légère tenue traditionnelle composée d'un fundoshi (sorte de petit slip japanese style tout à fait ravissant), d'une tunique appelée hanten (une non moins ravissante petite robe de chambre de belle étoffe, floquée du nom du district), et de chaussons ninja style appelés tabi. Le tout est solidement chevillé au corps, si possible – il ne s'agirait pas de se retrouver à poil devant le dieu en cours de route.

Tokyo / Torigoe / 7 juin 2009

Import / Export

"C'est mon 30 ème festival." Jun Osawa est né dans le quartier de Kikuyabashi. Il a participé au Torigoe Festival dès qu'il a su marcher (le mikoshi existe en format enfant). Cette année, il a invité ses potes à découvrir l'événement et à déambuler avec lui dans les rues du quartier pour porter le mikoshi. Plus jeune, Jun collectionnait tout un tas d'objets : drapeaux, pièces de monnaies, mais aussi avions, camions, fusées et autres vaisseaux spatiaux en miniatures. Il en possède encore, toujours soigneusement conservés dans leurs emballages d'origine... Aujourd'hui, il est manager assistant du service des programmes spatiaux à la Marubeni Aerospace Corporation, une société d'import-export. C'est marrant parce qu'il y achète et y vend des avions, des hélicoptères, des fusées, des roquettes et toutes sortes d'autres fournitures militaires pour le compte du Ministère de la Défense*. Le commerce se porte bien : l'activité n'a jamais manqué de collectionneurs.

* "En raison de sa constitution « pacifiste », le Japon limite ses dépenses militaires au seuil symbolique de 1 % de son PNB depuis 1974. Le ministère de la défense a néanmoins le quatrième budget de la Défense au monde. En 2006, le budget est à hauteur de 32 milliards d'euros [France : 48 milliards - en 2008]. Cela correspond à environ 267 euros par habitant, soit environ la moitié de l’effort consenti par chaque Français." (Source Wikipédia)

Tokyo / Kichijoji / 6 juin 2009

Lucy & The Lipstix [1st Album Release Commemoration Tour] @ Rock Joint GB
Rouge qui tache Aller voir un groupe qui se nomme « Lucy et les Rouges à Lèvres », c'est comme jouer au pachinko... Le maquillage rigolo façon Kiss n'a pas fait illusion bien longtemps : la Lucy louchait et ses seconds couteaux étaient émoussés. Lucy & The Lipstix : www.myspace.com/lucyandthelipstix You got a radio : www.myspace.com/yougotaradio
Nu-Coordinator : www.myspace.com/nucoordinator Ironie du sort, Melt-Banana* jouait au même moment à quelques stations de là... Aïe. * www.myspace.com/azap

Tokyo / Asakusa / 6 > 8 juin 2009

Caca doré

Posé par Philippe Starck au sommet du siège de la société Asahi*.

Un étron de plus à mettre au crédit du gros designer, certes, mais celui-ci est de taille**.

* "Asahi Breweries, Ltd. est un groupe brassicole du Japon, produisant notamment Asahi, l'une des marques de bière les plus consommées au Japon avec Sapporo et Kirin." (Source Wikipedia)

** 40 mètres de long tout de même.

vendredi 5 juin 2009

Obusuma / Keiko's Farm / 29 mai > 5 juin 2009

Keiko et l'un des handicapés du Group Home
Girl Power "20 years ago I opened a school (training institute) where people living in a city could study the organic farming. Many people absolved my training and became independent farmers themselves. It’s been 6 years since I started “Keiko's Farm House”; visitors can experience a self-sufficient life. I was influenced by my daughter’s wwoof experience in Canada. So, I hope many wwoofers from not only Japan and also any other countries get together and share valuable time here."
La Keiko's Farm, dans la préfecture de Saitama, à une heure et demie de train au nord de Tokyo... C'est pas des feignasses ici : ça démarre à 6h30 pour finir 12 heures plus tard, avec tout de même des petites breaks de temps à autre, faut pas déconner. C'est une nénette de soixante balais qui tient ça, Keiko, donc. Elle se défonce au boulot (shigoto en japonais). Une vraie régisseuse en chef, tout le temps pendue à son téléphone, en ligne avec ses clients (25 particuliers et 5 centres pour handicapés) ou son équipe : Emiko, Yoko , Masaru et les wwoofeurs de passage. Au programme : donner le biberon aux bébés moutons, envoyer les grands brouter dehors, les tondre, leur fabriquer un enclos pour passer l'été au frais, ramasser toutes sortes de choses (légumes, œufs, foin, crottes de poules), planter, désherber sans chimie, nourrir les poules, répandre leurs crottes, faire sécher des oignons, repiquer des fraisiers, donner de l'air aux melons, retourner la terre, couper les herbes folles, nettoyer* les légumes, les couper, les empaqueter, etc. C'est sans fin.
*sauf pour les clients qui veulent des légumes "bio"...
Emiko
"Poupée de cire, poupée de son..." C'est le type de tubes que fredonne Emiko dans les champs... 20 ans de ferme. 13 ans à travailler dans des bureaux à Tokyo pendant la semaine et à la ferme tous les week-ends. Depuis 7 ans, elle est fermière à plein-temps. Passionnée de musique et d'art, elle est aussi incollable sur les chanteurs français à succès au Japon, et sur leurs chansons.

Obusuma / Keiko's Farm / 29 mai > 5 juin 2009

Replay

« Ça, c'est moi tous les jours depuis 6 mois... ». Yoko Tamagawa. 30 balais. Un temps dans l'humanitaire en Thaïlande, un autre dans un centre pour handicapés mentaux, Yoko avait débarqué à la Keiko's Farm pour y faire 3 semaines de wwoofing*... Là voilà désormais membre du staff : Keiko n'a pas loupé l'occasion de s'entourer d'une telle bosseuse. Aujourd'hui, à 30 balais, Yoko ne rêve que d'une chose : se marier et avoir des enfants...

* L'acronyme WWOOF vient de World-Wide Opportunities on Organic Farms, soit réseau mondial d'opportunités sur des fermes biologiques.

Dans le jargon, on peut aussi dire qu'un wwoofeur fait du wwoofing.

Le WWOOF est un réseau international de fermes biologiques qui accueillent des bénévoles sur leur ferme. Le wwoofeur partage le quotidien de ses hôtes: les repas sont généralement pris ensemble, il participe aux diverses activités, etc.

Obusuma / Keiko's Farm / 29 mai > 5 juin 2009

Gentleman Farmer

Masaru Shurestha. 18 ans. Né au Japon d'un père népalais et d'une mère japonaise, Masaru avait 14 ans lorsqu'il a été accueilli à la Keiko's Farm. Au départ, il vivait chez Keiko, puis il s'est très vite installé dans les annexes de la ferme. C'est lui qui chapeaute les wwoofers aujourd'hui. Avec la manière.

"Peu importe le métier que tu exerces, ce qui importe c'est que tu l'exerces avec grâce." Voilà un aphorisme qui lui colle à merveille. Masaru est un fermier gracieux.

En mars 2010, il retournera au Népal, pour un mois. Il n'y a vécu que de cinq à huit ans, ne parle plus le népalais depuis lors, et sait juste que son père y habite un petit bled touristique...

Obusuma / Keiko's Farm / 29 mai > 5 juin 2009

C. A. T.

Takashi fait partie d'un groupe de dix-huit handicapés qui vivent dans l'un des 5 centres du coin, appelés Group Home. Ces centres sont les principaux clients de la Keiko's Farm. Les handicapés travaillent fréquemment pour la ferme qui fournit leur cantine en nourriture.

mercredi 3 juin 2009

Obusuma / Keiko's Farm / 29 mai > 5 juin 2009

Retour de campagne

"Je me suis plus enrichi en deux jours à la Keiko's Farm qu'en huit ans dans l'armée." Travis Toon - ça ne s'invente pas. 37 balais. Travis bossait pour l'US Air Force il y a encore peu. Il y fut d'abord chargé de traduire les émissions radio de l'armée cubaine, un job ennuyeux à mourir et inutile, sans compter qu'il ne s'est plus rien passé à Cuba depuis la crise des missiles de 62. A la rigueur, il aurait préféré traduire les émissions des radios civiles... Il a ensuite œuvré dans la logistique, et accompagné des opérations militaires au Texas, en Floride et au Portugal, un boulot qui le bottait déjà plus, même s'il n'était pas fâché de le quitter. Et puis, il y a un an, ce jeune retraité s'est mis au wwoofing, chez lui, dans l'Indiana. Depuis, il n'a quasiment pas arrêté de bosser dans des fermes, aux Etats-Unis, donc, mais également au Portugal et en Asie du Sud-Est. Actuellement prof d'anglais à Hidaka, il s'apprête avec excitation à partir faire du wwoofing dans l'Hokkaido pour trois mois. C'est qu'il y a pris goût... Et quand on lui demande s'il compte en faire encore longtemps, il répond : « I don't know... Two or Three years... Maybe Ten! »