mercredi 17 juin 2009

mardi 16 juin 2009

Miyake-jima / 9 > 11 Juin 2009

The end of the world*

Ici, un essieu coincé entre deux blocs de basalte témoigne de l'ancien garage automobile, là un réservoir comme unique vestige d'une ferme où, il y a peu, vaches et chevaux s'ébattaient encore au milieu de verts pâturages. Une coulée de lave anéantit un village, des émanations de gaz grillent des arbres et en livrent un autre à la merci des typhons... Cités fantômes, paysages désolés, plages anthracite, immenses cimetières d'arbres, montagnes et lacs qui apparaissent et disparaissent en l'espace de 40 ans ou de 2 semaines, bienvenue à Miyake-jima**.

Miyake-jima sur Google Maps : http://maps.google.fr/maps?t=h&hl=fr&ie=UTF8&ll=34.086907,139.53818&spn=0.036111,0.11055&z=13

*C'est le titre d'une chanson qu'affectionne Hisachi et qu'il attribue à Edith Piaf ... là où ça devient nébuleux c'est qu'il y en a bien une qui s'intitule ainsi, mais elle est de The Cure, et c'est pas vraiment le style de la maison...

**Miyake-jima vit au rythme de son volcan, le Mont Oyama, et de ses nombreuses éruptions. La dernière remonte à 2002 et ses habitants (2800 au denier recensement) n'ont été autorisés à regagner l'île qu'en 2005.

Miyake-jima / 9 > 11 Juin 2009

Lost child

Le Maigoji* a 500 ans. Il a survécu à la dizaine d'éruptions connues depuis 1643...

*Maigoji signifie "enfant perdu"

Miyake-jima / 9 > 11 Juin 2009

Le Bon Samaritain

« Il a l'âme d'un Père..., dit de lui sa femme, Kayoko. » Hisachi Ito. 60 ans. Après avoir travaillé 27 ans pour le métro tokyoïte, il s'est installé ici voilà deux ans et demi parce que, dit-il, il aime la mer, mais aussi parce le dernier de ses cinq enfants venait de quitter le nid... Il est intendant à la Junior High School de Miyake-jima. Curiosité notable : il est chrétien*. Ils sont 5 comme lui sur l'île. Pas d'église, la prière se fait à la maison. En chansons, et en anglais s'il vous plaît (Him, Jesus loves me, Jesus for ever, etc., des « Sunday's Wasp Songs » comme il dit). Il aime bien se rendre au sommet du Hinoyama Touge, au pied du Jigoku Dani**, face au volcan. Pour la vue, et pour chanter aussi. Une fois, une bagnole a débarqué et l'a interrompu tandis qu'il chantait Plus près de toi mon Dieu. C'était le policier de l'île. Il l'a un peu pris pour un timbré...

« Pas de cinéma, pas de théâtre, pas de salle de spectacle... ». Tous les soirs, après le boulot, Kayoko et Hisachi se retrouvent à Yakeihama*** pour contempler le coucher de soleil. Là, ils s'installent dans l'amphithéâtre et y dégustent une bonne glace, à rêver de voiliers, de la Côte d'Azur ou de l'Italie, jusqu'à la tombée de la nuit.

* Le shintoïsme et le bouddhisme sont les religions les plus pratiquées au Japon

** Le « fossé de l'enfer »

*** "Sunset Beach" en japonais

Miyake-jima / 9 > 11 Juin 2009

Né un 1er août

Kazuyuki Inagaki. A bientôt 27 ans, il vient de quitter le très animé quartier tokyoïte d'Oayama pour tenir le bar du village d'Ako*, le Simato Sake, pour 6 ou 7 mois. Le proprio Kazuhiko Araki, est le dentiste de l'île – qui nous aura gracieusement offert son jardin pour camper – et l'endroit abrite également le salon de coiffure de Madame Araki. Pour Kazuyuki, la playlist du moment, c'est les Soil & Pimp Sessions de Jam, un groupe de jazz pas trop mou qui commence à émerger ici, et la BO de Yamakazi dans la caisse. En grand seigneur, il nous aura pourvu en poisson séché, le fameux et très bon** kusaya local, et fait don d'une bouteille de délicieux Chardonnay chilien... Kampai!

* Il y a 3 villages et autant de ports à Miyake-jima : Ako, Tsubota et Miike, inhabité depuis 83.

** bien que son nom signifie « mauvaise odeur »

Miyake-jima / 9 > 11 Juin 2009

Still Life

Nuriko Suzuki au milieu de ce qu'il reste du village d'Ako suite à l'éruption du Mont Oyama en 1983. 400 maisons ensevelies sous la lave. Dont la sienne. Aujourd'hui, seuls les murs dévastés de l'ancien collège demeurent. Comme un Memorial. Au milieu du champ de pierres, on a tracé un sentier boisé. C'est celui qu'emprunte Kayoko pour y faire son jogging.

Tokyo / Torigoe / 7 juin 2009

Des hommes bien dans leurs slips Torigoe Festival But de la journée : promener le dieu dans le quartier. Le dieu habite une petite maison à grelots fixée sur 4 barres parallèles. On appelle ça un mikoshi. C'est très lourd, et ça nécessite pas moins d'une trentaine de personnes pour le porter. La journée démarre à 6h30 et s'achève 15 heures plus tard. Torigoe est divisé en districts. Chaque district a son équipe. Les équipes se relaient (version soft) ou s'empoignent (version hard) pour porter le mikoshi. Petite subtilité : le dieu aime qu'on le célèbre en cadence. Le mikoshi doit donc toujours évoluer par vagues, un mouvement qui fait vibrer ses grelots et donne du plaisir au dieu. L'exercice s'avère très exigeant et les épaules et les pieds des porteurs en prennent un coup. La tête aussi. Car le cagnard cogne et, évidemment, quand le porteur ne porte pas, il boit. Ça facilite d'ailleurs l'état de transe ou de torpeur dans laquelle baignent bon nombre de participants. Le costume : le porteur est vêtu d'une très légère tenue traditionnelle composée d'un fundoshi (sorte de petit slip japanese style tout à fait ravissant), d'une tunique appelée hanten (une non moins ravissante petite robe de chambre de belle étoffe, floquée du nom du district), et de chaussons ninja style appelés tabi. Le tout est solidement chevillé au corps, si possible – il ne s'agirait pas de se retrouver à poil devant le dieu en cours de route.

Tokyo / Torigoe / 7 juin 2009

Import / Export

"C'est mon 30 ème festival." Jun Osawa est né dans le quartier de Kikuyabashi. Il a participé au Torigoe Festival dès qu'il a su marcher (le mikoshi existe en format enfant). Cette année, il a invité ses potes à découvrir l'événement et à déambuler avec lui dans les rues du quartier pour porter le mikoshi. Plus jeune, Jun collectionnait tout un tas d'objets : drapeaux, pièces de monnaies, mais aussi avions, camions, fusées et autres vaisseaux spatiaux en miniatures. Il en possède encore, toujours soigneusement conservés dans leurs emballages d'origine... Aujourd'hui, il est manager assistant du service des programmes spatiaux à la Marubeni Aerospace Corporation, une société d'import-export. C'est marrant parce qu'il y achète et y vend des avions, des hélicoptères, des fusées, des roquettes et toutes sortes d'autres fournitures militaires pour le compte du Ministère de la Défense*. Le commerce se porte bien : l'activité n'a jamais manqué de collectionneurs.

* "En raison de sa constitution « pacifiste », le Japon limite ses dépenses militaires au seuil symbolique de 1 % de son PNB depuis 1974. Le ministère de la défense a néanmoins le quatrième budget de la Défense au monde. En 2006, le budget est à hauteur de 32 milliards d'euros [France : 48 milliards - en 2008]. Cela correspond à environ 267 euros par habitant, soit environ la moitié de l’effort consenti par chaque Français." (Source Wikipédia)

Tokyo / Kichijoji / 6 juin 2009

Lucy & The Lipstix [1st Album Release Commemoration Tour] @ Rock Joint GB
Rouge qui tache Aller voir un groupe qui se nomme « Lucy et les Rouges à Lèvres », c'est comme jouer au pachinko... Le maquillage rigolo façon Kiss n'a pas fait illusion bien longtemps : la Lucy louchait et ses seconds couteaux étaient émoussés. Lucy & The Lipstix : www.myspace.com/lucyandthelipstix You got a radio : www.myspace.com/yougotaradio
Nu-Coordinator : www.myspace.com/nucoordinator Ironie du sort, Melt-Banana* jouait au même moment à quelques stations de là... Aïe. * www.myspace.com/azap

Tokyo / Asakusa / 6 > 8 juin 2009

Caca doré

Posé par Philippe Starck au sommet du siège de la société Asahi*.

Un étron de plus à mettre au crédit du gros designer, certes, mais celui-ci est de taille**.

* "Asahi Breweries, Ltd. est un groupe brassicole du Japon, produisant notamment Asahi, l'une des marques de bière les plus consommées au Japon avec Sapporo et Kirin." (Source Wikipedia)

** 40 mètres de long tout de même.

vendredi 5 juin 2009

Obusuma / Keiko's Farm / 29 mai > 5 juin 2009

Keiko et l'un des handicapés du Group Home
Girl Power "20 years ago I opened a school (training institute) where people living in a city could study the organic farming. Many people absolved my training and became independent farmers themselves. It’s been 6 years since I started “Keiko's Farm House”; visitors can experience a self-sufficient life. I was influenced by my daughter’s wwoof experience in Canada. So, I hope many wwoofers from not only Japan and also any other countries get together and share valuable time here."
La Keiko's Farm, dans la préfecture de Saitama, à une heure et demie de train au nord de Tokyo... C'est pas des feignasses ici : ça démarre à 6h30 pour finir 12 heures plus tard, avec tout de même des petites breaks de temps à autre, faut pas déconner. C'est une nénette de soixante balais qui tient ça, Keiko, donc. Elle se défonce au boulot (shigoto en japonais). Une vraie régisseuse en chef, tout le temps pendue à son téléphone, en ligne avec ses clients (25 particuliers et 5 centres pour handicapés) ou son équipe : Emiko, Yoko , Masaru et les wwoofeurs de passage. Au programme : donner le biberon aux bébés moutons, envoyer les grands brouter dehors, les tondre, leur fabriquer un enclos pour passer l'été au frais, ramasser toutes sortes de choses (légumes, œufs, foin, crottes de poules), planter, désherber sans chimie, nourrir les poules, répandre leurs crottes, faire sécher des oignons, repiquer des fraisiers, donner de l'air aux melons, retourner la terre, couper les herbes folles, nettoyer* les légumes, les couper, les empaqueter, etc. C'est sans fin.
*sauf pour les clients qui veulent des légumes "bio"...
Emiko
"Poupée de cire, poupée de son..." C'est le type de tubes que fredonne Emiko dans les champs... 20 ans de ferme. 13 ans à travailler dans des bureaux à Tokyo pendant la semaine et à la ferme tous les week-ends. Depuis 7 ans, elle est fermière à plein-temps. Passionnée de musique et d'art, elle est aussi incollable sur les chanteurs français à succès au Japon, et sur leurs chansons.

Obusuma / Keiko's Farm / 29 mai > 5 juin 2009

Replay

« Ça, c'est moi tous les jours depuis 6 mois... ». Yoko Tamagawa. 30 balais. Un temps dans l'humanitaire en Thaïlande, un autre dans un centre pour handicapés mentaux, Yoko avait débarqué à la Keiko's Farm pour y faire 3 semaines de wwoofing*... Là voilà désormais membre du staff : Keiko n'a pas loupé l'occasion de s'entourer d'une telle bosseuse. Aujourd'hui, à 30 balais, Yoko ne rêve que d'une chose : se marier et avoir des enfants...

* L'acronyme WWOOF vient de World-Wide Opportunities on Organic Farms, soit réseau mondial d'opportunités sur des fermes biologiques.

Dans le jargon, on peut aussi dire qu'un wwoofeur fait du wwoofing.

Le WWOOF est un réseau international de fermes biologiques qui accueillent des bénévoles sur leur ferme. Le wwoofeur partage le quotidien de ses hôtes: les repas sont généralement pris ensemble, il participe aux diverses activités, etc.

Obusuma / Keiko's Farm / 29 mai > 5 juin 2009

Gentleman Farmer

Masaru Shurestha. 18 ans. Né au Japon d'un père népalais et d'une mère japonaise, Masaru avait 14 ans lorsqu'il a été accueilli à la Keiko's Farm. Au départ, il vivait chez Keiko, puis il s'est très vite installé dans les annexes de la ferme. C'est lui qui chapeaute les wwoofers aujourd'hui. Avec la manière.

"Peu importe le métier que tu exerces, ce qui importe c'est que tu l'exerces avec grâce." Voilà un aphorisme qui lui colle à merveille. Masaru est un fermier gracieux.

En mars 2010, il retournera au Népal, pour un mois. Il n'y a vécu que de cinq à huit ans, ne parle plus le népalais depuis lors, et sait juste que son père y habite un petit bled touristique...

Obusuma / Keiko's Farm / 29 mai > 5 juin 2009

C. A. T.

Takashi fait partie d'un groupe de dix-huit handicapés qui vivent dans l'un des 5 centres du coin, appelés Group Home. Ces centres sont les principaux clients de la Keiko's Farm. Les handicapés travaillent fréquemment pour la ferme qui fournit leur cantine en nourriture.

mercredi 3 juin 2009

Obusuma / Keiko's Farm / 29 mai > 5 juin 2009

Retour de campagne

"Je me suis plus enrichi en deux jours à la Keiko's Farm qu'en huit ans dans l'armée." Travis Toon - ça ne s'invente pas. 37 balais. Travis bossait pour l'US Air Force il y a encore peu. Il y fut d'abord chargé de traduire les émissions radio de l'armée cubaine, un job ennuyeux à mourir et inutile, sans compter qu'il ne s'est plus rien passé à Cuba depuis la crise des missiles de 62. A la rigueur, il aurait préféré traduire les émissions des radios civiles... Il a ensuite œuvré dans la logistique, et accompagné des opérations militaires au Texas, en Floride et au Portugal, un boulot qui le bottait déjà plus, même s'il n'était pas fâché de le quitter. Et puis, il y a un an, ce jeune retraité s'est mis au wwoofing, chez lui, dans l'Indiana. Depuis, il n'a quasiment pas arrêté de bosser dans des fermes, aux Etats-Unis, donc, mais également au Portugal et en Asie du Sud-Est. Actuellement prof d'anglais à Hidaka, il s'apprête avec excitation à partir faire du wwoofing dans l'Hokkaido pour trois mois. C'est qu'il y a pris goût... Et quand on lui demande s'il compte en faire encore longtemps, il répond : « I don't know... Two or Three years... Maybe Ten! »

Hotaka / 28 mai 2009

Garder la tête froide et le cœur au chaud

Erik est acupuncteur et enseigne la relaxation. Shiatsu, tai-chi, méridien, stretching, méditation. Il y a 13 ans, il a quitté Boston et débarqué au Japon sur les conseils de son mentor - un certain Douglas qui officie à Plouëscat aujourd'hui. Il a vécu 8 ans dans l'Hokkaïdo* et étudié l'acupuncture pendant 3 ans à Tokyo. C'est là qu'il a rencontré Masako et qu'ils sont devenus amis...

L'année dernière, une amie lui a suggéré de s'installer à Hotaka, une petite bourgade des Alpes Japonaises, où il trouverait nature, calme et gens intéressés, des conditions idéales pour y monter sa clinique... Pour ce faire, il doit d'abord se trouver un boulot et un logement. Coup de bol, un prof d'anglais quitte son poste. Le job est trouvé. Mais plusieurs semaines passent, et toujours pas de maison. Erik abandonne.

Avant de quitter Hotaka, il va prendre un dernier onsen. Dans l'eau du bain barbote un vieux monsieur qui engage la conversation. L'endroit est plutôt confidentiel, et il s'étonne d'y voir un Occidental. Erik lui raconte son parcours et lui apprend sa décision de retourner dans l'Hokkaïdo... Coïncidence, le vieil homme est natif de cette région. Heureux de rencontrer un « compatriote », il lui assure qu'il va l'aider. Très vite, il lui trouve une maison à bon prix. Erik propose alors à Masako de le rejoindre et de monter la clinique avec lui. Amis depuis 7 ans, ils deviennent amants...

* L'Hokkaïdo est la plus septentrionale des quatre îles principales de l'archipel du Japon.

Hakuba / 25 > 27mai 2009

We have NO relation with YAKUZA

Ils resteraient la plus grande organisation de crimes organisés du monde*. C'est une VERITABLE association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Ils seraient plus de 84 700 au dernier recensement** malgré les lois anti-gang et anti-blanchiment de 1993. Pas d'inquiétude à avoir donc, l'espèce n'est pas en voie d'extinction. Ils aiment le commerce et faire chanter les gens : la vente de stupéfiants et de prestations de prostituées d'Asie du Sud-Est et de l'ex-URSS, la gestion frauduleuse de casinos***, de boîtes à strip-tease et de bars à hôtesses, et le racket de sociétés. Ils vivent de leurs passions et peuvent aisément s'offrir une Rolex avant d'avoir 50 ans. Ça tombe bien : beaucoup n'atteignent pas cet âge. Ils ont un code d'honneur. A la moindre entorse à l'une de ses règles, ils doivent se couper un doigt – une pratique qui tombe en désuétude par souci de discrétion. Si l'entorse est trop grave, ils peuvent se suicider par éventration****. Ils sont reconnaissables à leurs tatouages lorsqu'ils sont tout nu ou à leurs tenues vestimentaires m'as-tu-vu lorsqu'ils ne le sont pas : lunettes de soleil Gucci ou Dolce & Gabbana, costumes d'alpaga noir ou colorés, et bagouses aux doigts qui restent. La démarche doit être ample et arrogante pour se démarquer de celle du civil. Ils s'entendent très bien avec les policiers et les politiciens de tout poil. Ils ont pignon sur rue.

    * Ce serait oublier un peu vite Al-Qaida ou le G8...

    **Chiffre fantaisiste livré par la National Police Agency. Autre chiffre fantaisiste : celui de leur chiffre d'affaires : 34 milliards d'euros selon Le Quid 2003.

    *** Il y en a 18000 au Japon. On les appelle des pachinko.

    **** C'est ce qu'on appelle se faire hara-kiri.